COMBATTRE L'EXCISION
- upcitemun
- 24 déc. 2024
- 5 min de lecture
Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes
Notion de l’excision :
Les mutilations génitales féminines, également connues sous le nom d’excisions, concernent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins extérieurs ou autres lésions des organes génitaux féminins. Bien loin d’une efficacité médicale, cet acte constitue une violation des droits fondamentaux des femmes et des filles à travers le monde entier provoquant parfois la mort et engendrant des traumatismes indélébiles. À ce jour, l’excision est une pratique qui touche plus de 230 millions de femmes à travers le monde, particulièrement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue quatre types de mutilations génitales féminines (MGF), en fonction de l'étendue de l'ablation et des procédures pratiquées. La clitoridectomie consiste en l'ablation partielle ou totale du clitoris. L'excision inclut l'ablation du clitoris et des lèvres internes, parfois des lèvres externes. L'infibulation, la forme la plus grave, englobe l'ablation du clitoris, des lèvres internes et externes, suivie de la fermeture de l'orifice vaginal, créant une petite ouverture pour l'urine et les menstruations. Enfin, les formes non classées incluent des mutilations telles que les incisions, perforations ou cautérisations sans ablation des tissus. Toutes ces pratiques représentent une grave violation des droits humains et ont des conséquences dévastatrices sur la santé physique, mentale et émotionnelle des filles et des femmes.
Ses origines
L'excision, trouve ses origines dans des pratiques culturelles ancestrales, ancrées dans des croyances sociales et religieuses. Historiquement, des références à des rituels similaires existent depuis l'Antiquité, où des textes égyptiens et grecs évoquent des interventions sur le corps féminin, souvent en lien avec des normes de sexualité. Dans de nombreuses sociétés, l'excision est perçue comme un moyen de contrôler la sexualité des femmes, garantissant la chasteté et l'honneur familial, et marquant ainsi un rite de passage vers l'âge adulte. Cette pratique, bien qu'elle ne soit pas directement dictée par des prescriptions religieuses, trouve sa légitimité dans des interprétations culturelles de traditions anciennes. La transmission de l'excision de génération en génération renforce son enracinement dans les identités culturelles, rendant difficile son éradication malgré les efforts croissants de sensibilisation. Ainsi, la complexité de l'excision illustre les défis liés à la lutte pour les droits des femmes dans un contexte où tradition et modernité s'opposent souvent.
Une lutte contre une pratique inhumaine
Cependant, cette pratique suscite de plus en plus de contestations. Des mouvements locaux et internationaux s'engagent pour sensibiliser les communautés aux dangers physiques et psychologiques de l'excision, plaidant pour les droits des femmes et des filles. Ces efforts, bien que confrontés à des résistances culturelles, montrent une évolution vers un avenir où le bien-être et la santé des femmes primeront sur ces traditions malsaines.

Un exemple notable est celui de la Gambie. En Gambie, la lutte contre l'excision et les mutilations génitales féminines a pris de l'ampleur ces dernières années, notamment grâce à l'interdiction de cette pratique instaurée en 2015. Des organisations comme le Gambian Committee on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children (GAMCOTRAP) mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés des dangers de l'excision. Chaque année, des événements, notamment des marches et des forums éducatifs, sont organisés à l'occasion de la Journée internationale de tolérance zéro, le 6 février, pour promouvoir les droits des femmes. L'engagement croissant des leaders communautaires et religieux aide à aborder ce sujet délicat et à encourager un changement de mentalités. Cependant, malgré les progrès réalisés, des défis demeurent. Le 15 juillet 2024, le Parlement a rejeté une proposition de loi visant à dépénaliser l'excision, confirmant ainsi l'interdiction toujours en vigueur.
De nombreux pays ont adopté des lois interdisant l'excision, en raison des graves conséquences qu'elle entraîne sur la santé et des violations des droits humains qu'elle représente. Ainsi, en Somalie, où l'excision est encore largement pratiquée, une loi a été promulguée en 2012 pour interdire cette pratique. Cependant, son application reste difficile en raison des fortes croyances culturelles et des obstacles sociaux. En Mali, une législation contre l'excision a été mise en place dès 2002, criminalisant la mutilation génitale féminine et accompagnée de campagnes de sensibilisation pour réduire sa pratique. En France, l'excision est illégale depuis 1983 et est considérée comme un délit, passible de peines de prison et d'amendes, selon le Code pénal. La France met également en place des actions de prévention et offre un soutien aux victimes. Ces lois, bien qu'importantes, témoignent des efforts internationaux pour protéger les droits des femmes et des filles et éradiquer cette pratique violente.
Des conséquences dévastatrices :
La pratique de l'excision constitue une grave violation des droits fondamentaux des femmes et des filles, tels que définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. En effet, cette pratique met en péril plusieurs droits humains essentiels, notamment le droit à la santé, le droit à la sécurité et le droit à la protection. L'excision viole non seulement leur intégrité physique, mais aussi leur dignité humaine, un principe fondamental inscrit dans les textes internationaux qui défendent les droits des individus à être protégés contre toute forme de violence et de discrimination.
Les conséquences mentales de l'excision sont profondes et durables, affectant gravement le bien-être psychologique des femmes et des filles. Cette pratique peut provoquer des traumatismes psychologiques majeurs, engendrant des sentiments de honte, de détresse et une perte de confiance en soi. De nombreuses victimes souffrent de troubles de l'anxiété, de dépression et de stress post-traumatique, avec des symptômes tels que l'isolement social et des flashbacks traumatiques. L'excision peut aussi causer des difficultés sexuelles, une réduction du désir sexuel et des douleurs lors des rapports, affectant ainsi l'estime de soi et les relations intimes. Les victimes ressentent souvent une rupture avec leur identité et peuvent éprouver des difficultés à établir des relations sociales ou familiales. Ces conséquences peuvent perdurer toute la vie, nécessitant un soutien psychologique pour aider les survivantes à guérir.
L'un des exemples les plus connus d'une survivante de l'excision est Waris Dirie, une militante et ancienne mannequin somalienne, devenue une figure emblématique de la lutte contre la mutilation génitale féminine (MGF). Née en 1965 en Somalie, elle a été excisée à l'âge de 5 ans, une expérience traumatisante qui a marqué sa vie. Fuyant un mariage forcé et l'excision, elle a trouvé refuge en Europe. En tant que mannequin, elle a utilisé sa notoriété pour sensibiliser le monde à cette pratique et a publié son autobiographie, "Fleur du désert", en 1997, qui raconte son histoire et son combat pour échapper à la mutilation génitale féminine. Elle a fondé la Desert Flower Foundation pour lutter contre l'excision et protéger les droits des femmes. Son engagement a inspiré des millions de personnes et a conduit à la réalisation d'un film, Desert Flower (2009), basé sur son livre. Waris Dirie incarne l'espoir et la résilience des survivantes, et son travail continue de jouer un rôle crucial dans la lutte pour l'éradication de l'excision.
Sources :
Le Monde
Unicef
OMS
Desert Flower Foundation
Arrêtons les violences ( site du gouvernement français)
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