La migration dans le monde et les enfants : un défi aux envergures effarantes
- upcitemun
- 24 déc. 2024
- 8 min de lecture
Journée internationale des migrants le 18 décembre selon l'ONU.
Plusieurs facteurs poussent les individus et leurs familles à migrer, qu’il s’agisse pour fuir la pauvreté ou l'insécurité, mais encore pour des raisons démographiques ou même climatiques. Ce déplacement de lieu de vie d’individus représente une part de plus en plus importante au fil des années, concernant près de 4 % de la population mondiale en 2023. Nous nous intéresserons à ce phénomène, ainsi qu’à ses enjeux et à ses impacts sur la vie des enfants.
Qu’est-ce que la migration ?
Selon l’OIM, l’organisation internationale pour la migration, la migration est définie comme le mouvement de personnes quittant leur lieu de résidence habituelle, soit à l’intérieur d’un même pays, soit par-delà une frontière internationale. Elle peut être volontaire ou involontaire et peut se produire pour diverses raisons, notamment économiques, environnementales ou encore sociales.
Pour mieux appréhender ce phénomène et ses enjeux, reprenons les chiffres, généralement utilisés comme point de départ des discussions sur la migration. On estime à 281 millions le nombre de migrants internationaux dans le monde en 2020, soit 3,6 % de la population mondiale. Dans l’ensemble, on estime que le nombre de migrants internationaux a doublé depuis 1990. Il est important de rappeler que près de 9% de cette population migrante est composée d’enfants.
Quelles en sont les causes ?
Le Parlement européen, indique que tous les facteurs sont caractérisés par une double dimension attraction/répulsion et en identifie trois :
Les facteurs socio-politiques : Les persécutions religieuses, ethniques, raciales, politiques et culturelles peuvent inciter les individus à quitter leur pays. Les éléments les plus déterminants sont la guerre, les risques de conflits ou la persécution par le gouvernement. Ilsauront un impact sur leur choix de destination puisque certains pays ont une approche plus libérale et plus protectrice des droits de l’homme.
Les facteurs démographiques et économiques : Le fait qu’une population s’accroisse ou se réduise, vieillisse ou rajeunisse aura un impact sur la croissance économique et les possibilités de travail dans un pays d’origine donnée. La migration fondée sur ces facteurs sera liée à des normes de travail médiocres, d’un chômage élevé ou d’une mauvaise santé économique globale d’un pays d’origine. On comptera parmi les facteurs d’attraction des salaires plus attractifs, un niveau de vie plus élevé, de meilleures perspectives éducatives et de bonnes opportunités de carrière . Notons que ces facteurs sont la cause de déplacement de près de deux tiers de la population migrante internationale.
Les facteurs environnementaux et climatiques : L’environnement a toujours eu un effet majeur sur la migration, menant des personnes à fuir des catastrophes naturelles tels que les inondations, les ouragans ou les séismes. Par ailleurs, le changement climatique devrait accentuer, ces prochaines années, les événements météorologiques extrêmes. Cela entraînera indubitablement un déplacement accru des populations.
« Migrants » ou « réfugiés » ? Comment faut-il qualifier les milliers de personnes qui arrivent quotidiennement d’autres contrées ? Quels termes utiliser quand le débat reprend des enjeux politiques majeurs ? Quelles réalités recouvrent les définitions des termes : « migrant » et « réfugié » ?

Le premier terme est très critiqué puisqu’il est considéré comme ne reflétant pas assez la détresse de ceux qui, le plus souvent, fuient un conflit : « Le terme parapluie “migrant” ne suffit désormais plus pour décrire l’horreur qui se déroule en mer Méditerranée.Il a évolué depuis ses définitions de dictionnaire, pour devenir un outil péjoratif qui déshumanise et distance. (…) C’est un mot qui ôte la voix aux personnes qui souffrent. ».
Cette critique a été émise par le média Qatari Al-Jazira en 2015, concernant les « migrants méditerranéens », une catégorie de population migrante passant par les voies maritimes méditerranéennes. C’est la catégorie qui souffre du plus grand nombre de mortalité migratoire. (Voir article Le Monde , Pour les migrants, l’année 2023 a été la plus meurtrière de la décennie, selon l’ONU , du 6 mars 2024)
Le deuxième terme, « réfugié » peut alors sembler plus adapté. En droit international, le « réfugié » est le statut officiel d’une personne qui a obtenu l’asile d’un État tiers. Il est défini par une des conventions de Genève (« relative au statut des réfugiés »), signée en 1951 et ratifiée par 145 États, membres des Nations unies. Le réfugié est donc toute personne qui a demandé l’asile et estreconnue par un État comme ayant fui son pays en raison de menaces sérieuses pour sa vie. Cette condition doit normalement être argumentée : le réfugié doit apporter à son État d’accueil la preuve de ces menaces.
Ainsi, pour être qualifié de réfugié, il faut remplir certaines conditions : tout réfugié est migrant mais les migrants n’obtiennent pas tous le statut de réfugié. Des organisations, telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou encore la Cimade en Franceont le même type de réflexion. La Cimade fournit un accompagnement juridique aux migrants et tient, sauf exception, à privilégier le vocabulaire précis : des demandeurs d’asile peuvent être déclarés réfugiés en cas de réponse positive.
« Le terme de “réfugié” est très précis dans le droit international, alors nous ne l’utilisons que dans ce contexte, explique Louise Carr, du programme des personnes déracinées à Amnesty International. Mais il est vrai que le terme “migrant” est de plus en plus connoté péjorativement et recoupe beaucoup de situations très diverses. ».
C’est donc dans une optique de justesse sémantique, que l’on utilise un terme défavorable à la cause migratoire.
Qu’en est il des enfants ?

Chaque année, des millions d’enfants sont en déplacement. Parmi eux,beaucoup d’entre eux sont confrontés au danger, à la détention, à la précarité et à la discrimination au cours de leur périple, à leur arrivée ou au moment du retour.
La souffrance des enfants migrants et déplacés, ainsi que l’exclusion dont ils sont victimes, sont non seulement inacceptables, mais aussi évitables. Selon l’UNICEF, « Un enfant est un enfant, peu importe les raisons qui le poussent à partir de chez lui, d’où il vient et où il est, ou encore les moyens employés pour arriver là. ». Par voie de conséquence, chaque enfant mérited’être protégé, de recevoir des soins et de bénéficier du soutien et des services nécessaires pour s’épanouir.
Beaucoup d’enfants voyagent avec leurs familles, mais nombre d’entre eux sont seuls. Parmi les populations migrantes, on compte alors des mineurs non accompagnés : des enfants âgés de moins de 18 ans, séparés de leurs parents et d’autres proches membres de leur famille, qui ne sont pas pris en charge par un adulte. Ils sont donc livrés à eux-mêmes et sont particulièrement vulnérables.
Pour fuir leur pays, ces enfants sont souvent obligés de marcher de longues heures, de jour comme de nuit, dans des conditions difficiles. En outre, ils sont confrontés à de nombreux dangers comme le trafic d’enfants, les mauvais traitements ou encore l’exploitation par le travail forcé et la prostitution. Des dangers qui font en réalité partie des plus importants crimes transnationauxdans le monde, juste après le trafic de drogue. Plus complexes et anonymes que jamais, d’une envergure considérable , le trafic d'êtres humains et le trafic de migrants concernent une proportion affolante d’enfants ; plus d’un tiers des victimes de ce crime ont moins de 18 ans.
Lorsqu’ils parviennent à leur pays d’accueil, l'instabilité et les risques sont toujours présents du fait de la pauvreté, l’insalubrité et l’exclusion sociale. Les enfants peinent à se sentir chez eux dans leur pays de destination. Leur intégration étant rendueparticulièrement difficile par la nécessité d’apprendre une nouvelle langue et d’assimiler une nouvelle culture. Ces obstacles ont desrépercussions physiques et psychologiques à long terme, qui empêchent les enfants en déplacement d’atteindre leur plein potentiel. De plus, certaines réglementations nationales peuvent conduire à des traitements intolérables et des dérives contraires au respect de la dignité humaine Comme nous le rappelle Jean Marie Dru, ancien président d’UNICEF France « la place d’un enfant n’est pas derrière les grillages » concernant l’enfermement dans les centres de rétention d’enfants de migrants en France l’été 2018.
Malgré ces conditions nuisibles , de nombreuses organisations intergouvernementales tentent d’établir des conditions favorables à l’amélioration de leur environnement de vie et de contribuer à leur bon épanouissement.
Un enfant, migrant, réfugié... quel que soit son statut, est avant tout un enfant à protéger.
L’UNICEF tente d’agir, aujourd'hui, pour que les enfants migrants soient d’abord et avant tout considérés comme des enfants, avec les mêmes droits fondamentaux, en ayant pour objectif primordial de faire valoir l’intérêt supérieur de l’enfant en toutes circonstances.
L’UNICEF œuvre dans le monde entier pour veiller à ce que les enfants migrants et déplacés soient protégés et que leurs droitssoient respectés. Elle fait parvenir des fournitures humanitaires essentielles dans certains camps de réfugiés, assurant à elle seulel’aide humanitaire et la fourniture de ressources viables. Dans certains cas, l’UNICEF parvient à mettre en place des lieux sûrs où les enfants en déplacement peuvent jouer, où les mères peuvent se reposer et nourrir leur bébé en toute intimité, et où les familles séparées se retrouvent et restent ensemble.
Ses plus grandes contributions sont en collaboration avec les autorités nationales et locales en mettant en place des lois, des politiques, des systèmes et des services publics. En bref, il s’agit de solutions axées sur la communauté et la famille qui incluent tous les enfants et répondent aux besoins spécifiques des enfants migrants et déplacés .
De plus, l’UNICEF reste un des principaux et plus importants vecteurs de recueil, d’analyse, de diffusion des données et des documents concernant la situation et les expériences vécues par les enfants et les jeunes en déplacement. Une plateforme fiable et accessible à tous et pour tous.
« À côté de nous, se trouvait une autre famille syrienne avec une fillette qui avait les yeux très rouges et infectés. Leur canot pneumatique avait chaviré, suite à une panne de moteur, et ils avaient passé onze heures dans l’eau avant d’être secourus. Une autre famille nous a raconté qu’il y avait tellement d’eau dans leur canot qu’ils avaient tout jeté par-dessus bord, jusqu’au sac qui contenait leurs bijoux en or et leur argent, et qu’il ne leur restait plus rien. » Nujeen Mustafa, jeune femme qui a fui la Syrie en guerre en fauteuil roulant, et a traversé l'Europe jusqu'en Allemagne.
« On veut des choses simples, juste ne pas vivre comme des chiens, apprendre le français et l’anglais, aller à l’école, être propre et en sécurité. » Jeune Égyptien de 14 ans, réfugié à Calais, sans parents ni proches.
« Ne rien avoir à faire, c’est le pire. Je n’avais jamais entendu parler de la possibilité d’avoir une protection en France. Si j’avais su, j’aurais été intéressé, mais maintenant, c’est trop tard.» Jeune Syrien de 17 ans, réfugié à Calais, sans parents ni proches.
Liens vers d’autres témoignages plus complets recueillis par l’UNICEF :
Photoreportage reprenant le parcours d’enfants « déracinés ».
Articles sur les enfants nés en zones de conflits.
Ouganda, un camp de réfugiés qui fabriquent ses propres jouets.
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